Corinne, 50 ans, 2 enfants.
"Dans la famille, on ne militait pas, mais on était très proches de la terre. Ma mère et ma grand-mère cultivaient un grand potager, et la plupart des fruits et légumes que l'on mangeait venaient de là.
Quand j'ai été enceinte de ma fille, en 1994, une étude venait de montrer que le lait matenrel pouvait contenir des dioxines. Le lait maternel, symbole de pureté ! Je ne pouvais m'empêcher d'y penser en allaitant.
Pendant ma grossesse, j'avais lu un livre qui faisait alors beaucoup de bruit,
Des poubelles dans nos assiettes, (Livre de Poche). Il détaillait toutes les pollutions que subissait la Terre. C'est à ce moment-là que l'on m'a parlé du projet d'enfouissement des déchets radioactifs près de chez nous. Des déchets "de haute activité et à vie longue". Même enfouis, ils sont radioactifs des milliers d'années.
Je me suis dit "Stop ! Arrêtons de prendre la Terre pour une poubelle... et la Meuse en particulier !"
Je me souviens très bien de la 1° réunion menée par des associations de défense de l'environnement. J'étais à la fois captivée et atterrée par toutes les informations que je recevais d'un coup.
J'avais l'impression de sortir d'une bulle ouatée.Ce qui me mettait le plus en colère, c'est que cette décision avait été prise sans aucune concertation avec nous, les populations concernées.
Je me suis engagée... et je ne me suis plus arrêtée.
Depuis, j'ai connu
les grandes mobilisations qui réchauffent le coeur, comme ce jour où une foule baîllonnée s'est retrouvée devant l'hôtel du département.
Une grande colère collective exprimée et maîtrisée...
Et
des déceptions aussi.
En 2006, une loi a enteriné l'enfouissement des déchets à Bure.
Mais la bataille continue pour d'autres communes alentour.
Cet engagement m'a appris à me placer dans la perspective du long terme.
Je sais aujourd'hui
exprimer mes désaccords et faire vivre un groupe.
Je me dis que ce bout de chemin de résistance aura été honorable. Ca m'a renforcé dans l'idée qu'il ne faut pas avoir peur, même si, parfois, cette lutte m'a isolée (ce n'est pas évident de se positionner face aux pouvoirs publics).
Mais j'ai rencontré des gens qui ont le même projet de vie que moi, qui pensent qu'un autre mode de consommation est possible. C'est réconfortant.
Avec mes enfants qui ont 20 et 13 ans aujourd'hui, ça n'a pas toujours été simple.
Je me sentais pas assez disponible pour eux... mais c'est aussi pour eux que je me bats !Bure stop !Collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs
dans la Meuse
Source : Avantages - Janvier 2009