Les nouvelles résistantes

De plus en plus de femmes actives s'engagent dans des groupes, des associations, des collectifs.
Une rencontre, un fait divers, un regard, l'arrivée d'un enfant... les poussent à sauter lepas, parfois de façon inattendue.

40% des femmes ont une activité associative.

Le déclic ? Un profond sentiment d'injustice, l'envie de faire "quelque chose" ou encore l'idée que "cette fois, ça suffit". Elles n'ont pas eu des parents engagés, elles n'ont aucun passé de "militante". Ce mot ne leur évoque d'ailleurs pas grand-chose, à part peut-être un peu de poussière...
Résistantes nouvelle génération alors ?
"Aujourd'hui, les jeunes et les femmes sont sur-représentés. Du coup, les moteurs de l'action ont changé.
Ce n'est plus l'idéologie mais l'indignation qui les pousse", expliquent L Jeanneau et S Lernould dans Les nouveaux militants (éd Les Petits Matins). Ces femmes ne croient pas forcément au "grand soir", mais tentent surtout de défendre leur quartier, leurs voisins, de préserver le lien social autour de chez elles...

"On ne s'engage plus en faisant don de soi", rajoutent ces mêmes auteurs. Ces femmes militent avant tout pour elles-mêmes".

Souvent, leur engagement fait écho à leur histoire personnelle.
Beaucoup de ces nouvelles désobéissantes revendiquent le droit de remettre en question les lois qui leur paraissent illégitimes.
Désobéir pour être citoyennes avant tout.Elles cachent alors des enfants menacés d'expulsion avec leur famille, participent à la réquisition des logements vides ou bloquent les compteurs EDF de familles démunies...
Aux grandes manifestations et à la distribution de tracts, elles préfèrent souvent le lobbying, utilisent leurs réseaux, leur ordinateur, leur imagination.
Aujourd'hui, les actions festives sont à l'honneur.
Les femmes du gang des postiches, par exemple, dénoncent la sous-représentation féminine en débarquant au Sénat ou dans les entreprises affublées de barbes, de boucs et de barbiches en tout genre.

"Tout le monde trouve la société injuste. A cela, il y a 2 réponses : l'une dépressive et l'autre active", dit le philosophe Miche Bénasayag.
Les désobéissantes ont chois leur camp.

POURQUOI ON SAUTE LE PAS

"Les valeurs d'aujourd'hui font profondément écho à ce que les femmes ont toujours défendu : le logement, les enfants, l'environnement...
Il est donc normal qu'elles s'investissent davantage", explique Yvonne Poncet-Bonissol, psychologue.

Pourtant, mêm si nous sommes souvent indignées, nous ne sautons pas toujours le pas. Qu'ont de plus ces femmes-là ?
"Souvent, elles ont été touchées personnellement par une injustice. L'engagement leur permet de réclamer réparation et d'être reconnues dans cette souffrance.
S'engager, c'est tenter de dépasser et d'utiliser ce débordement émotionnel.
Mais les "militantes" sont aussi des femmes prêtes à aller au combat, des frondeuses.
Pour d'autres, c'est un apprentissage à dire "non".
Tout à coup, elles apprennent à s'écouter, à reconnaître et à défendre leur désir.
L'engagement ne doit pas servir de psychothérapide personnelle car on est efficace seulement si l'on a réglé certaines choses. Mais c'est une façon de dire : "Je ne subirai plus", analyse la psychologue.

à Lire : femmes & Hommes de conviction, ce que l'engagement veut dire,
témoignages recueillis par Sophie Troubac (éd. Aubanel)

Source : Avantages - Janvier 2009