Nobel de la paix : Obama versera son prix à des associations
Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi matin à Barack Obama,
élu il y a neuf mois à la présidence des Etats-Unis.
Ce prix distingue notamment son engagement en faveur de solutions multilatérales et négociées, dénucléarisation militaire...Une approche que ses pairs, enthousiastes, l'ont encouragé à poursuivre.
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Reste que si le gagnant de ce prix prestigieux se voit décerner un diplôme et une médaille, il reçoit aussi un chèque d'un montant d'un million d'euros par le comité du Nobel (1,4 million de dollars). Une somme rondelette que Barack Obama pourrait utiliser à sa guise. Mais rien ne l'oblige à faire don de son lot à des œuvres caritatives, la tradition veut que cet argent serve à de bonnes causes. Le dernier lauréat, le Finlandais Martti Oiva Kalevi Ahtisaari avait choisi de reverser son gain à des associations de maintien de la paix. L'année précédente, l'ancien vice-président américain Al Gore qui s'était vu décerner le prix pour son travail sur le changement climatique, avait aussitôt annoncé qu'il reverserait la totalité du prix à l'association «Alliance for climate protection».
Le prix remis le 10 novembreLe président américain Barack Obama a lui aussi précisé qu'il fera don à une oeuvre caritative de cet argent qui accompagne son prix Nobel de la paix, a dit un responsable de son administration vendredi. Mais Barack Obama n'a pas encore décidé quelle organisation recevrait l'argent, a-t-il dit sous couvert de l'anonymat.
Le chèque sera remis au lauréat en même temps que son diplôme et une médaille en or à Oslo le 10 décembre, jour anniversaire de la mort en 1896 du créateur du prix, Alfred Nobel.Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a indiqué que le président se rendrait en personne recevoir son prix.
Pour Barack Obama cette récompense est un appel à l'actionRéveillé dans son sommeil, l'homme le plus puissant de la planète a reçu l'annonce avec «humilité», selon un collaborateur. Dans son premier discours prononcé vendredi en direct de la Maison Blanche, le président américain a dit accueillir «avec surprise et une profonde humilité» cette nouvelle. Un prix qu'il a dit «ne pas mériter par rapport aux lauréats antérieurs».
«Pour être honnête, je n'ai pas l'impression que je mérite de me retrouver en compagnie de tant de personnalités qui ont transformé leur époque et qui ont été distinguées par ce prix», a-t-il dit dans l'intention évidente de parer les critiques selon lesquelles il n'en avait pas fait assez pour mériter le prix.
Mais «j'accepterai cette récompense comme un appel à l'action, un appel lancé à tous les pays pour qu'ils se dressent face aux défis communs du XXIe siècle», a déclaré le président américain. Il a aussi tâché de parer les critiques visant le comité Nobel en soulignant que celui-ci s'était souvent servi du prix, non pas seulement pour récompenser une action, mais pour faire avancer certaines causes.
Obama s'est employé à éviter que son propos ne paraisse trop solennel. Il a rapporté comment, après avoir été réveillé pour apprendre la nouvelle, ses deux filles Malia et Sasha l'ont aidé à «mettre les choses en perspective» en lui disant que c'était aussi l'anniversaire de leur chien et qu'elles se réjouissaient à l'idée d'un week-end de trois jours parce que lundi est férié aux Etats-Unis.
Puis d'un ton plus sérieux, il a dit: «nous ne pouvons tolérer un monde dans lequel les armes nucléaires se propagent dans davantage de pays». Il a évoqué le réchauffement climatique, conscient que c'est dans ce combat que les attentes internationales sont les plus grandes en ce qui le concerne. Il a explicitement mentionné le conflit israélo-palestinien et prôné un «engagement inébranlable» pour que les Israéliens puissent vivre en sécurité et que les Palestiniens aient leur Etat.
D'une manière générale, il s'est de nouveau livré à un plaidoyer pour le multilatéralisme et l'action internationale concertée. Il a répété que son administration avait engagé «une nouvelle ère de dialogue», mais il a souligné qu'un «dirigeant seul ou un pays seul ne peut relever tous ces défis».
Il a parlé de la nécessité de défendre les libertés individuelles, appelé à la tolérance, et rappelé à la fois que le monde connaissait la crise économique et qu'il menait lui-même deux guerres en Afghanistan et en Irak.
Auparavant, le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland, a souligné le goût du successeur de Bush aux «solutions négociées» avant de déclarer: «Obama a créé un nouveau climat dans la politique internationale». Certains, tels le Polonais Lech Walesa, Nobel de la paix en 1983, ont jugé ce prix prématuré.
«On espère bien sûr qu'il y aura des changements concrets dans le temps, mais (...) nous avons eu le sentiment qu'il était approprié de renforcer (M. Obama) autant qu'on le peut dans sa lutte continue pour ses idéaux», a expliqué à Geir Lundestad, secrétaire du comité Nobel.
«un jeune Mandela»Cependant, les louanges ont afflué. Son ancien adversaire malheureux, le républicain John McCain, s'est dit «fier». En Afrique du Sud, l'ex-militant antiapartheid Desmond Tutu, Nobel de la paix en 1984, a comparé le lauréat à «un jeune Mandela».
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon voit en lui «un nouvel esprit de dialogue». A Paris, le président Sarkozy a salué «le retour de l'Amérique dans le coeur de tous les peuples» et la chancelière allemande Angela Merkel une «incitation» à faire encore plus pour la paix. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé son espoir de «faire avancer la paix» avec Barack Obama.
Malgré ses lauriers, Barack Obama, premier président noir américain, reste cependant confronté à deux conflits ouverts : en Irak mais surtout en Afghanistan, où il est à la recherche d'une nouvelle stratégie et où la situation se dégrade au point que certains évoquent un nouveau bourbier comparable au Vietnam.
Vu de Kaboul, le président afghan Hamid Karzaï a estimé que le comité Nobel avait distingué la «bonne personne» tandis que les talibans dénonçaient ce choix. «Nous espérons que cela l'incitera à emprunter la voie qui apportera la justice dans le monde», a réagi depuis Téhéran un conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, bête noire de l'Amérique
Le comité Nobel dit avoir attaché «une importance particulière» à la position de M. Obama en matière de dénucléarisation militaire. En septembre à l'ONU, il a appelé à ne jamais cesser les efforts «avant de voir le jour où les armes nucléaires auront été éliminées de la surface de la Terre
Le Parisien avec l' AFP - le 09/10/09
http://www.leparisien.fr/international/nobel-de-la-paix-obama-versera-son-prix-a-des-associations-09-10-2009-668481.php?xtor=EREC-109