La pilule du surlendemain

Elle s’appelle EllaOne et va révolutionner le monde de la contraception d’urgence. Il y a dix ans débarquait le Norlevo, communément appelée la pilule du lendemain, qu’on pouvait prendre jusqu’à 72 heures après un rapport sexuel non protégé. Aujourd’hui, place à EllaOne, déjà surnommée la pilule du surlendemain, car efficace jusqu’à 5 jours. Le point avec Elisabeth Aubeny, gynécologue et présidente de l’Association française pour la contraception.

Propos recueillis par Emilie Poyard


En quoi la pilule EllaOne est-elle innovante par rapport au Norlevo ?

C’est une pilule tout à fait différente du point de vue moléculaire : EllaOne est composée d’ulipristal, jamais utilisé jusque là dans un contraceptif. Ce modulateur des récepteurs à la progestérone va bloquer l’ovulation. EllaOne est donc plus efficace et, surtout, peut être prise jusqu’à cinq jours après le rapport sexuel. Cette contraception d’urgence est trois plus efficace que le Norlevo si on la prend dans les 24 h et deux fois plus si elle est prise dans les cinq jours. C’est une nouvelle avancée, on ne peut que se réjouir !


Les points négatifs de cette pilule du surlendemain ?

Que cette pilule « de rattrapage » ne soit pas délivrée en vente libre en pharmacie, c’est embêtant. Mais si elle est vendue sur ordonnance, c’est aussi parce que cette molécule n’a jamais été utilisée, le gouvernement est donc prudent. Second point problématique : le prix. Elle est à 30 euros (contre 7,50 € pour le Norlevo) : il faudrait qu’elle soit remboursée. Les plus jeunes ne pourront en profiter. Le laboratoire a demandé le remboursement, les centres de planification pourraient l’obtenir dès novembre et l’autorisation de remboursement pourrait être donnée pour janvier. Il faut se battre pour qu’elle soit remboursée !


Une pilule du surlendemain disponible uniquement sur ordonnance : cela risque de dissuader de nombreuses femmes de l’utiliser ?

Il faut que les femmes demandent à leur gynécologue ou même à leur médecin généraliste de leur faire une ordonnance « en préventif ». Peut-être que la femme n’utilisera pas cette contraception d’urgence, mais au moins elle l’aura sous la main, au cas où… Quand on travaille, cinq jours pour se retourner, c’est court.


Les gynécologues accepteront-ils de la prescrire « à l’avance » ?

Je l’espère ! Cela arrive à tout le monde d’oublier sa pilule ou d’avoir un préservatif qui se déchire… Côté femmes, il ne faut surtout pas avoir honte de demander la pilule du lendemain. Il faut savoir que 30% des grossesses en France sont non désirées, dont 70% qui se terminent par une IVG. Les femmes pensent qu’il y a un risque de grossesse au bout du 14ème jour mais il faut savoir qu’on peut être enceinte à n’importe quel moment du cycle ! L’ovulation est mobile et le spermatozoïde peut vivre jusqu’à 5 jours. Pour celles qui ont déjà une contraception, dès qu’il y a un oubli, il faut utiliser une contraception d’urgence.


Le mode d’emploi ?

Un comprimé à prendre le plus tôt possible, puis on se protège en utilisant des préservatifs jusqu’à la fin du cycle. Il faut savoir que les prochaines règles pourront être décalées en avant ou en arrière et parfois arriver très en retard.


Cette pilule du surlendemain ne va-t-elle pas inciter les femmes à ne plus prendre de contraception ?

Quand Norlevo est sorti, tout le monde disait que les femmes n’utiliseraient plus de contraception : ça s’est révélé faux ! 80% des femmes qui ont des rapports sexuels ont un contraceptif.


La pilule du futur, elle sera comment ?

Beaucoup de femmes ont des rapports sexuels espacés et certains couples ne se voient que de temps en temps : les laboratoires travaillent actuellement sur une pilule qu’on prendrait avant ou après le rapport sexuel.

Elle
http://www.elle.fr/elle/Societe/Interviews/La-pilule-du-surlendemain-pourquoi-est-elle-innovante/(gid)/985135

Article de presse sélectionné par Annie Tourmente qui peut alimenter notre réflexion.